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Thoughts.
15 décembre 2014

Seen with a brand new eye (R-4)

Ce fut quand nous changeâmes de statut que notre liaison évolua. 

Jusque là, certes, nous étions un couple. Elle, elle avait toujours été attirée par moi depuis la tendre enfance, cachée derrières les murs alors que tout le monde la rejetait. Moi, depuis qu'elle avait croisé mon regard et que mon coeur avait sursauté pour la première fois ainsi. 

Mais disons que, jamais vraiment, pendant ces longues années où nous nous étions  métamorphosés en adultes, nous n'avions réellement avancé. Oui, nous avions appris à nous connaître jusqu'à savoir dans les moindres détails les goûts, habitudes et manières de l'autre. 

Mais puisqu'elle avait changé sa personnalité pour devenir de plus en plus froide et calme, désintéressée du monde et stoîque, il était inévitable qu'envers moi aussi elle allait agir différemment. Intimement, je le savais, que cette situation allait arriver. Mais pourtant j'avais continué à l'aider à murir dans ce sens, car elle le voulait, et c'était sa vraie nature; je ne pouvais m'opposer à ce destin. De plus, j'étais amoureux d'elle, et en grandissant, j'étais devenu plus sage et moins agité; et j'avais appris à l'aimer malgré ses défauts. 

Je dirais même ... que plus elle devenait distante, plus mon coeur s'agitait et cette envie de la posséder m'occupait. 

Quand finalement, à l'orée de nos vie d'adulte, je me rendis compte que nous n'étions pas sur la même longueur d'onde et que cette relation n'étais pas équilibrée, je pris conscience de ce décalage. Et j'eus soudain peur. 

Je levai la tête vers elle : elle était d'une beauté froide, mais terriblement irrésistible. Glaciale et cinglante. Les gens avaient peur d'elle, l'évitaient, étaient fascinés. 
Elle semblait mépriser tout le monde, ne cherchait pas à être sociale. Elle ne l'avait jamais été. En grandissant, elle avait vaincu cette timidité maladive mais avait gardé cette carapace qui la protégeait du contact. Et j'eus peur que cette carapace s'étende jusqu'à moi, moi qui jusque là avait été le seul à pouvoir la briser. En grandissant, elle était devenu bien plus autonome, bien plus ferme dans ses décisions, et pouvait très bien se retourner contre moi, me laisser sur le côté, me quitter. 
Cette pensée me terrifiait. 

 

C'est pour cela que quand l'accident se produisit, tout changea. 

Coup en plein ventre. Sang. Yeux horrifiés. 

Pour la première fois de ma vie... je vis des larmes couler sur son visage, ses mains me prendre la tête. 

- Pardonne-moi... Pardonne-moi... me dit-elle. 

J'oubliai intantannément la douleur. Ses mains sur mes joues m'électrifièrent. Son regard empli de désespoir, me suppliant de lui pardonner, à nouveau s'incrusta dans mon esprit.

Alors je souris. Je sus, à ce moment là, que je m'étais inquiété pour rien. 

"Ne t'inquiète-pas... Tant que tu es là, rien ne pourra m'arriver. " 

Et ce fut à partir de cette renaissance mutuelle que notre relation , à son tour, se métamorphosa. Je la vis se radoucir. Je la vis plus attentionnée. Surtout, je sentis que, naturellement, elle se rapprochait de moi. Cette carapace se brisa alors complètement entre nous deux. Il n'y eut plus rien qui puisse nous distancer. 

Notre relation alors s'équilibra tout à fait. J'en eus la certitude quand je la vis essayer de me prendre la main. Elle avait encore du mal à ça. Malgré tout ce temps passé ensemble, elle avait gardé des blocages en elle, surtout ceux qui concernait la démonstration d'affection. Ce n'était pas encore naturel pour elle. Mais ils étaient adorables. 
Certes, ce n'était pas la femme qui vous attrapait, vous embrassait, vous parlait de tout et de rien. Ce n'était pas le genre de femme qui, enjouée, vous demandait de faire de nombreuses activités avec elle, vous accueillait avec un grand sourire.  Ce n'était pas le genre de femme qui allait tout faire pour vous, qui s'excusait, qui acceptait docilement les ordres. Oh non. 

Elle était tout ce contraire. Disons que j'étais plus celui qui devait lui obéir. Elle pouvait faire peur sinon. Et jamais elle ne me montrait son affection. C'était bien trop embarrassant pour elle.

Mais j'aimais cette relation particulière. Parce que, le moindre détail, le moindre petit sourire, la moindre attention me faisait tomber.

C'était avec un oeil nouveau que nous allions appréhender ce futur , ensembles... 

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